Accueil » collège » Collège bilingue » L’enseignement des maths au collège bilingue Ipécom Paris
Samira El Mouats, est docteur en mathématiques et enseignante à Ipécom Paris. Elle est interviewée par Annie Reithmann, directrice de l’établissement. Le sujet de l’entretien :
- La nouvelle classe de sixième et cinquième du collège bilingue d’Ipécom Paris ;
- Et l’enseignement des mathématiques dans cette classe.
La sixième et la cinquième en un an, est-ce possible ?
Vous allez enseigner dans la nouvelle classe que crée notre école, la classe de sixième et cinquième. Pouvez-vous me parler de ce programme ? Pourquoi cette double classe est possible ?
En effet, le programme, comme il a été conçu par l’éducation nationale, et que les nouvelles directives incitent à faire, ce que l’on appelle, un enseignement hélicoïdal. C’est-à-dire enseigner des petites notions et revenir ensuite dessus. Ceci aussi bien au sein de la même année scolaire que pendant l’année suivante. Donc il y a plusieurs chapitres, pour ne pas dire tout ce que l’on va aborder en 6e, où nous reviendrons par la suite dessus en 5e. Nous les enrichissons avec un ou deux paragraphes supplémentaires. Il est donc, pour une classe de petit effectif avec des élèves demandeurs, tout à fait possible de faire les deux années en une seule.
Donc ce n’est pas trop lourd comme charge pour ces jeunes enfants ?
Non pas du tout, surtout, encore une fois, lorsque l’effectif est réduit. Cela permet justement un suivi et un contact direct avec chaque élève pour le faire évoluer à son rythme.
Effectifs limités à 15 élèves maximums
Oui, il y aura entre dix et quinze élèves dans cette classe, donc la gestion est quand même plus facile.
Bien entendu, quinze élèves c’est la moitié de ce que l’on observe dans l’enseignement public.
L’enseignement des maths
Le programme français et l’anglo-saxon
Vous allez aussi faire les maths en anglais. Pouvez-vous me parler de la différence des maths pour le système français et les maths pour le système anglophone.
Les deux programmes sont conçus par des personnes avec des réflexions totalement différentes. Le programme français forme les élèves pour peut-être être “docteur” dans toutes les matières. On touche donc à beaucoup de chapitres, et on couvre beaucoup de points et concepts. Le programme irlandais est plus axé sur des bases simples. On attendra les éventuelles spécialisations beaucoup plus tard. On peut dire que le programme irlandais est beaucoup plus allégé dans les petites classes. Le “retard” se rattrape plus tard, notamment en première, et à ce moment-là on donne à chacun ce dont il a exactement besoin.
La méthode
Irlandais ou anglophone, c’est à peu près pareil au départ. Au niveau de la méthodologie qu’est-ce qui est important d’enseigner en classes de 6e et de 5e, en mathématiques ?
Il est fondamental d’insister sur les bases, à savoir :
- Les multiplications, c’est-à-dire savoir multiplier correctement ;
- Insister beaucoup sur les premières notions de signes, de nombres relatifs. Si ce n’est pas bien acquis, on en souffre plus tard.
- Également les notions de fraction ;
- De dénominateur commun et de simplification sont rarement bien acquises. J’ai des élèves avec un bac et qui ne savent toujours pas le faire.
Donc savoir compter véritablement, et puis peut-être aussi leur apprendre la rigueur de la rédaction ?
Il faut absolument insister sur la rigueur de la rédaction en mathématiques. Poser les hypothèses et construire sainement son savoir sur ce que l’on connaît.
Le rythme de travail
Les interrogations
Vous leur donnez régulièrement des interrogations ?
Il y a toujours des exercices à faire pour la semaine. Il y a également toujours une petite interrogation en début de semaine. Elle valide les acquis de la semaine précédente. C’est un outil très important pour moi, mais aussi pour les élèves et leurs parents. On peut ainsi confirmer si ce qui a été fait la semaine précédente a été bien acquis par les enfants. Cela me permet de réagir immédiatement si je constate des difficultés. Je reviens alors sur ces notions qui ont été globalement non maîtrisées par mes élèves. Si des élèves n’ont pas une note satisfaisante, je leur donnerai des exercices supplémentaires.
Je pense qu’un devoir uniquement en fin de mois ou en fin de trimestre n’est pas le meilleur moyen de procéder. En effet, si deux ou trois petites notions n’ont pas été maîtrisées, c’est plus compliqué à rattraper par la suite. Les petites interrogations à un rythme fréquent permettent de travailler régulièrement. Les élèves ne se retrouvent pas devant l’angoisse du gros devoir trimestrielle.
La pédagogie par étapes
C’est ce que j’appelle la pédagogie par étapes, ou plus spécialement ritualiser le travail. À Ipécom Paris le but est de créer des automatismes de travail en leur donnant la possibilité d’apprendre régulièrement. De vérifier que l’apprentissage a été bien acquis lors des grands devoirs et examens. C’est beaucoup plus facile ensuite de réviser. Ceci est très important dans toutes les matières, c’est la ritualisation du travail.
En effet, d’autant plus que l’entrée en 6e est un changement. Cette transition doit être accompagnée avec des nouvelles méthodes de travail. Cela veut dire une plus grande rigueur et avec un maximum d’accompagnement et d’encadrement.
Comme vous l’avez bien dit Madame El Mouats ce qui est important, c’est que l’élève progresse, qu’il aille aussi à son rythme. Ceci n’est possible qu’avec peu d’élèves et en même temps. Ainsi s’il y a des élèves qui ne comprennent pas, de leur réexpliquer. Et puis et surtout de favoriser, au niveau de la notation, en donnant d’autres exercices. Si l’on a beaucoup de notes, le problème du stress par rapport aux notes disparaît.
Le tutorat
Certainement, la mauvaise note finit par être diluée par rapport aux autres. Ensuite, nous avons à Ipécom Paris, un système d’études dirigé par un enseignant de l’école et non extérieur. Ainsi lorsqu’un élève n’a pas compris une notion, ce lien avec le responsable de l’étude permet de lui dire qu’il faut insister. Voir lui donner la copie de l’élève pour que ce soit repris.
Oui, comme nous l’avons annoncé il y a le tutorat. Qu’est-ce que c’est ? Après le cours, le professeur donne des exercices à faire. Il vérifie que le travail a été fait, dans une bonne organisation. Il aide au travail si l’élève a des difficultés. Insiste sur la méthodologie et sur la manière d’appréhender les exercices et les bonnes méthodes d’exécution.
Les élèves EIP
Beaucoup d’élèves sont des EIP (élèves intellectuellement précoces ou à haut potentiel). Ils ont des méthodes particulières, à eux, et parfois évitent les méthodes exigées par l’Éducation nationale. Comment faire ? Nous sommes obligés de suivre les directives qui sont sous-évaluées par ces élèves. Il faut les aider à accepter certaines contraintes qui sont liées à l’énoncé et au programme.
Souvent les élèves à haut potentiel aiment mieux jouer qu’être astreint à une rédaction. Il faut aller dans leur sens du raccourci. Ensuite, présenter un exercice dans lequel le raccourci n’est plus possible. À ce moment, ils comprennent que certains chemins sont indispensables dans certaines situations. C’est ainsi qu’on les amène progressivement, sans jamais les heurter, à admettre la nécessité de rédiger.
C’est-à-dire que, certes, ils sont hypersensibles, mais en même temps l’hypersensibilité n’empêche pas la rigueur. L’exigence de la contrainte.
Tout à fait, l’enjeu est là, finalement eux-mêmes décident que la rédaction est importante.
Ces élèves ont confiance en vous, parce qu’ils vous ont vu à l’œuvre. Parce que vous les avez encadrés. Vous les avez suivis. Cette confiance que vous leur témoignez renforce leur estime de soi.
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