Accueil » Éducation numérique » Comprendre les algorithmes pour mieux s’informer
Les réseaux sociaux font partie de notre quotidien. Instagram, TikTok, Snapchat, YouTube, X (ex-Twitter) et bien d’autres nous offrent la possibilité d’échanger, de découvrir de nouvelles idées et de suivre l’actualité.
Pourtant, ces plateformes ne nous montrent pas les informations de manière neutre. Elles utilisent des algorithmes pour sélectionner ce qui apparaît sur notre fil d’actualité et dans quel ordre.
Dans cet article, nous allons découvrir le fonctionnement de ces dispositifs d’analyse, comment ils influencent nos choix et pourquoi il faut rester vigilant face à la désinformation. Nous allons aussi aborder des pistes pour développer un esprit critique et utiliser les réseaux sociaux de manière plus responsable.
Qu’est-ce qu’un algorithme ?
C’est un ensemble d’instructions claires et précises qu’une machine (ordinateur, smartphone, etc.) exécute pour résoudre un problème ou produire un résultat.
- Exemple simple : une recette de cuisine est un algorithme. On y trouve les ingrédients en entrée (des œufs, de la farine, du lait, etc.) et une série d’étapes permettant d’obtenir un résultat (un gâteau).
Sur les réseaux sociaux, ils analysent nos actions : ce que l’on “like”, commente, partage, ou regarde jusqu’au bout. À partir de ces informations, ils prédisent quels contenus sont les plus susceptibles de nous plaire ou de nous faire réagir. Puis, ils nous les affichent en priorité.
Les algorithmes et l’attention
Pour les réseaux sociaux, l’objectif est de retenir notre attention le plus longtemps possible. Pourquoi ? Parce qu’ils gagnent de l’argent principalement grâce à la publicité. Plus on passe de temps devant nos écrans, plus ils peuvent nous montrer de publicités, et plus leurs revenus augmentent.
Pour garder notre attention, les moteurs de recommandation ont tendance à mettre en avant des contenus qui suscitent des émotions fortes. Il peut s’agir de vidéos amusantes ou inspirantes. Mais cela peut aussi être du contenu clivant ou choquant.
- Conséquence : on peut se retrouver submergé par des contenus très polarisants qui font réagir vite, et qui parfois déforment la réalité.
Les bulles de filtre et la désinformation
À force de réagir à certains sujets, les mécanismes de calculs finissent par nous proposer quasiment toujours le même type de contenu.
- C’est la « bulle de filtre » : on voit surtout ce qui nous conforte dans nos idées ou nos émotions. On risque alors de passer à côté d’autres points de vue.
Dans certaines situations, cela peut renforcer la diffusion de fausses informations. Quand on reçoit toujours plus de publications similaires, on peut croire à tort que « tout le monde » pense la même chose.
La désinformation, ou « infox », se propage facilement dans ce contexte. Une rumeur ou une fake news peut être partagée massivement si elle suscite beaucoup d’émotions. Les algorithmes la mettent alors plus en avant, car elle génère des réactions.
Les limites de la modération et l’arrivée de l’IA générative
Les réseaux sociaux ont mis en place différents systèmes de modération pour lutter contre les contenus violents, haineux ou faux.
- La modération traditionnelle : des équipes humaines et des procédures informatiques repèrent et retirent (ou signalent) les contenus qui ne respectent pas les règles.
- Le fact-checking : des journalistes ou des organisations spécialisées vérifient l’exactitude des informations partagées en ligne.
Cependant, on voit ces derniers temps des évolutions sur certaines grandes plateformes qui préfèrent parfois confier cette tâche à la “communauté” plutôt qu’à des journalistes professionnels. L’idée est de faire voter les utilisateurs pour dire si une information est vraie ou non.
- Limite : sans experts, il arrive que la majorité se trompe ou que certains groupes s’organisent pour fausser ces votes.
Par ailleurs, les algorithmes génératifs, comme ChatGPT, DALL·E ou d’autres modèles d’intelligence artificielle, permettent de créer facilement du texte, des images ou des vidéos.
- Risques : des faux profils ou faux articles quasi indétectables peuvent émerger. Cela facilite la diffusion de contenu mensonger ou fabriqué de toutes pièces.

Pourquoi est-ce important pour les élèves ?
En tant qu’élève, on utilise les réseaux sociaux pour communiquer avec ses amis, s’informer, ou se divertir.
- Conséquences sur les études : Si les algorithmes nous enferment dans nos préférences, on risque de manquer de perspectives différentes, de contenus éducatifs variés, ou d’actualités plus fiables.
- Conséquences sur la vie quotidienne : On peut se laisser influencer par des informations fausses ou incomplètes. Cela nuit à notre capacité à argumenter, à développer un sens critique, et à vérifier nos sources.
À l’âge du collège, du lycée ou de la prépa, il est important de construire une vision du monde basée sur des faits multiples et de solides connaissances. Or, la « bulle de filtre » peut bloquer notre curiosité et notre esprit d’analyse.
Comment développer son esprit critique ?
- Vérifier les sources :
- Toujours se demander qui publie l’information.
- Regarder si le média ou l’auteur est reconnu.
- Vérifier si d’autres sources fiables relaient la même info.
- Poser des questions :
- Qu’est-ce qui me prouve que c’est vrai ?
- Pourquoi ce contenu est-il mis en avant ?
- Est-ce que je lis seulement des choses qui vont dans le même sens que mes idées ?
- Comparer plusieurs points de vue :
- Lire des médias différents.
- Suivre des personnes d’opinions diverses sur les réseaux sociaux, tout en gardant une distance critique.
- Apprendre à repérer les émotions fortes :
- Quand un contenu suscite de la colère ou de la peur, prendre du recul.
- Vérifier si les faits sont exacts avant de le partager.
- Utiliser des outils de vérification :
- Il existe de nombreux sites de « fact-checking » (AFP Factuel, Les Décodeurs du Monde, etc.).
- Certains navigateurs ou extensions proposent des alertes sur la fiabilité de certains sites.
Un enjeu démocratique
Au-delà de la vie quotidienne, la manière dont les formules logicielles organisent l’information a un impact sur notre perception du monde.
- Influence sur la société : Les débats politiques ou sociétaux se déplacent sur les réseaux sociaux. Les algorithmes peuvent amplifier les discours de haine ou les fausses informations, ou au contraire mettre en avant certains sujets.
- Initiatives de transparence : L’Union européenne, avec le Digital Services Act (DSA), impose aux grandes plateformes de clarifier leurs pratiques de modération et de permettre la désactivation des recommandations personnalisées.
De nouveaux réseaux sociaux émergent pour proposer davantage de choix aux utilisateurs. Par exemple, Bluesky donne la possibilité de choisir ou créer son propre moteur de recommandation. Mastodon offre aussi une alternative, où les utilisateurs sont libres de s’abonner à des hashtags et de participer à des communautés différentes.
Pourquoi cette connaissance est-elle essentielle pour vos études et votre avenir ?
Les élèves, qu’ils soient au collège, au lycée ou en prépa, devront bientôt entrer dans la vie active. Les études supérieures et le monde professionnel exigent de plus en plus de compétences numériques.
- Études : Les travaux de recherche, les présentations orales, et même les discussions en cours demandent de consulter plusieurs sources. Maîtriser la recherche d’information et le tri des fake news devient un atout.
- Examens et concours : Dans de nombreuses épreuves, on évalue la capacité des candidats à raisonner avec des faits vérifiés et à démontrer une culture générale solide.
- Vie professionnelle : Les entreprises recherchent des collaborateurs capables de discerner le vrai du faux, de prendre des décisions éclairées et de communiquer de manière fiable.
Conseils pratiques pour mieux maîtriser les algorithmes
- Désactiver les recommandations personnalisées (lorsque c’est possible) :
- Certaines plateformes permettent de voir le fil d’actualité chronologique (les dernières publications sans tri).
- Cela évite un trop grand “biais de personnalisation”.
- Nettoyer régulièrement ses abonnements :
- Se désabonner de comptes qui ne nous apportent plus rien de pertinent.
- Chercher des sources neuves et diversifiées, y compris des profils éducatifs.
- Utiliser plusieurs moteurs de recherche :
- Google, Bing, Qwant, etc. Chacun a son propre modèle de classification, ce qui permet de voir d’autres résultats.
- Développer son réseau hors ligne :
- Discuter avec ses proches, ses professeurs, ses camarades.
- Participer à des activités extrascolaires.
- Le contact humain et la confrontation bienveillante des idées sont des remèdes à l’enfermement algorithmique.
- Apprendre à repérer les “signaux d’alerte” :
- Des titres “choc” ou “scandaleux” qui provoquent la peur ou la colère ? Prudence.
- Des informations sans sources claires ? Méfiance.
Les algorithmes au cœur des innovations : un enjeu pour l’avenir
Le mot « algorithme » vient du nom du savant perse Muhammad ibn Musa al-Khwarizmi (IXe siècle), surnommé « Algoritmi » dans les textes latins. À l’origine, ce terme désignait des méthodes pour résoudre des équations.
Aujourd’hui, les algorithmes sont partout : dans le guidage GPS, la finance, la sécurité informatique, la médecine (analyse d’images médicales) et bien sûr l’intelligence artificielle.
- Impact positif : Ils peuvent sauver des vies en repérant précocement des tumeurs sur des radiographies. Ils peuvent aussi optimiser la consommation d’énergie, ou encore traduire un texte instantanément.
- Attention : Dans le domaine de l’information, sans cadre éthique ni esprit critique, ils peuvent devenir des outils de manipulation.
Pour les jeunes, comprendre le fonctionnement de ces dispositifs revient à comprendre un mécanisme qui structure en partie notre monde. C’est un savoir crucial pour la réussite scolaire et professionnelle.
Conclusion : vers une utilisation responsable des réseaux sociaux
Ces procédures informatiques ne sont pas « mauvaises » en soi. Elles sont avant tout le fruit de choix économiques et techniques. Elles peuvent être utiles pour nous proposer des contenus pertinents, mais peuvent aussi encourager la désinformation ou l’isolement dans nos idées.
L’important est de développer un esprit critique face à ce qui nous est présenté. Se poser des questions, comparer les sources, et ne pas se contenter du premier résultat venu.
Chez Ipécom Paris, nous encourageons nos élèves à devenir des apprenants autonomes, responsables et informés. Cela passe par une meilleure compréhension des outils numériques.
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à :
- Suivre des cours en ligne sur les enjeux d’Internet et des réseaux sociaux.
- Participer à des ateliers de sensibilisation sur la désinformation.
- Discuter avec vos professeurs et vos camarades de ce que vous lisez ou regardez.
Ainsi, en connaissant les mécaniques à l’œuvre derrière vos fils d’actualité, vous saurez mieux sélectionner et partager vos sources. Vous pourrez alors profiter pleinement des atouts du numérique, sans en subir les effets négatifs.
Être attentif, curieux et conscient : voilà les clés pour tirer le meilleur parti des algorithmes, et construire un avenir éclairé et solidaire.
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