Marketing, classements et préjugés

marketing classements et préjugés

“Le marketing, les classements et les préjugés sont déterminants dans le choix des écoles pour les élèves.” Ce sont les mots prononcés par Annie Reithmann, directrice de la prépa HEC Ipécom Paris, à News Tank le 21/12/2015. Notre directrice constate une augmentation du nombre d’élèves qui font le choix de cuber pour avoir une école parisienne. “Je crois sincèrement que les classes préparatoires vont disparaître sur le long terme. Dans un système qui se mondialise, où le modèle LMD est la norme, les classes préparatoires sont comme un joyau de famille que l’on veut absolument conserver. Mais qui semble difficilement tenable et donc voué à sa propre perte”, déclare-t-elle. Notons qu’Ipécom Paris compte 120 étudiants en prépa ECE et ECS.

Quels sont les effectifs d’Ipécom Paris et quel est le profil de vos étudiants ?

En 2015-2016, nous avons 120 étudiants en classes préparatoires économiques et commerciales et 120 lycéens. Nos lycéens sont souvent des élèves à haut potentiel ou ayant besoin de méthodologie et de rapports humains plus forts. Nous avons aussi des élèves phobiques scolaires, que nous remettons sur le chemin des études. Côté prépa HEC, nous avons trois classes : deux ECS et une ECE. Nous avions pensé un temps élargir cette offre à l’option technologique, mais il n’est pas possible de se développer à l’infini. Nous préférons privilégier de petites classes efficaces. C’est également pour cette raison que nous souhaitons rester sous statut privé hors contrat, afin de préserver ces petits effectifs, qui sont interdits dans un statut privé sous contrat.

Pourquoi ce choix de petits effectifs ?

Nous travaillons avec des groupes d’une vingtaine d’élèves maximum et même moins au lycée. Ce n’est pas dans les normes actuelles. Cependant c’est notre force, car ces effectifs très réduits nous permettent de bien encadrer les jeunes. Notre méthode consiste à baliser l’organisation du travail des élèves. Pour ensuite les guider, en classe et en dehors de la classe.

Combien de professeurs permanents compte Ipécom Paris ?

Nous avons une vingtaine de professeurs permanents en classes préparatoires et une dizaine de khôlleurs. Il y a également une quinzaine de professeurs côté lycée. Sur la rémunération, nous sommes dans le privé, la question ne se pose donc pas. Néanmoins, il est très important pour moi de satisfaire mes professeurs, qui s’investissent et s’engagent auprès des élèves et ont une importante masse de travail.

L’équipe est stable, certains professeurs sont présents depuis de nombreuses années, voire depuis la création de l’école, il y a plus de 30 ans. Leurs salaires sont satisfaisants, et surtout, ils font partie intégrante de l’école, de la direction de l’établissement et c’est aussi pour cette raison qu’ils y restent. L’esprit familial se sent aussi de ce côté-ci, et les élèves perçoivent la bonne synergie entre nous.

Pour des conseils et informations personnalisées

Comment recrutez-vous vos élèves ?

Nous recevons environ 350 candidatures chaque année, pour 120 à 130 élèves maximum. Notre recrutement se fait selon trois critères : tout d’abord, le dossier, comme toutes les écoles ; nous demandons également des copies de devoirs sur table du lycéen ; puis un entretien.

Qu’apporte votre formation par rapport à une prépa classique ?

Nous réalisons beaucoup plus d’heures de cours, de TD de méthodologie, de renforcement, davantage de cours, notamment en maths, en anglais, en histoire/géographie et en économie, par rapport aux prépas HEC classiques. Nos étudiants ont environ 40 heures de cours par semaine, avec de nombreux devoirs corrigés par les professeurs et des concours blancs organisés lors des vacances scolaires. Nous avons mis en place cette année un coaching pour nos élèves de deuxième année. Ce sont des rendez-vous individuels, qui se font dans l’esprit d’un tutorat et d’une aide pour renforcer la dynamique au travail. 

D’autre part, pour la rentrée, nous avons mis en place des classes réservées aux cubes pour faire un travail différent des élèves de deuxième année, avec davantage d’exercices pratiques, de TD, de travail de cours à partir d’annales.

Quels sont vos résultats en termes d’affectations ?

Parmi nos étudiants, 40 % arrivent dans le top six et presque tous dans le top dix, de HEC à Audencia, Toulouse, Neoma. Quelques élèves décrochent régulièrement HEC, ESCP et Essec, mais nous en plaçons davantage à l’EM Lyon ou à l’Edhec.

Cuber, est-ce une tendance nouvelle et comment l’expliquez-vous ?

Certains élèves préfèrent cuber pour avoir une école parisienne. Certains élèves me disent “je ne prends que les six premières, je m’arrête à AUDENCIA, comme ça, si je n’ai pas les meilleures, je serai obligé de cuber”. Ils refusent beaucoup d’écoles qui ont des atouts, elles aussi. Finalement le marketing, les classements et les préjugés sont déterminants dans le choix des écoles pour les élèves qui ne connaissent pas bien leur valeur.

Faut-il vraiment cuber ?

Quel dommage de se forcer à cuber ainsi ! C’est d’autant plus dommage que j’aie vu des élèves brillants réussir parfaitement dans de plus petites écoles. Ils ont fait par la suite parfois un MBA ou un MS dans un établissement du top trois. J’en ai vu refuser l’Edhec pour aller à Dauphine, sous l’unique prétexte que c’est à Paris. Ils ne savent pas ce que fait exactement Dauphine, mais le nom est porteur, et cela leur suffit. Certains ont même des discours contre les admissions parallèles, et visent par exemple des écoles qui n’en font pas en première année. Tout cela me semble étrange. Évidemment, il faut viser les meilleures. Mais parfois, certains élèves ne peuvent y parvenir et perdent un an à cause d’illusions.

L’école a certes un réseau, des forces, mais la vraie force de leurs études, c’est à chaque élève de l’avoir et de dessiner son avenir professionnel en choisissant de bons stages, en étant actif dans les associations, en rencontrant du monde avec toutes les opportunités qu’offrent toutes les écoles de commerce. Et c’est dommage de ne pas passer les oraux dans toutes les écoles, car il arrive souvent que des élèves « tombent amoureux » d’une école en s’y rendant…

Nombreux proviseurs se déclarent confiants sur la pérennité du modèle prépa. Qu’en pensez-vous ?

Les classes préparatoires sont comme un joyau de famille que l’on veut absolument conserver. Je crois sincèrement que les classes préparatoires vont disparaître sur le long terme. La raison est simple : les admissions parallèles se développent de plus en plus et remettent donc en cause notre modèle. De plus, ce modèle franco-français pose problème, car les universités étrangères ne connaissent pas très bien ce cursus et encore moins les entreprises étrangères. Sauf évidemment les grandes entreprises internationales. Dans un système qui se mondialise, où le LMD (Licence, Master, Doctorat) est la norme, les classes préparatoires sont comme un joyau de famille que l’on veut absolument conserver, mais qui semble difficilement tenable et donc voué à sa propre perte.

Pourtant, je trouve que la prépa est une extraordinaire expérience. L’on va jusqu’au bout de soi-même, rencontre souvent ses meilleurs amis, apprend l’analyse et des méthodes de travail qui resteront tout au long de sa vie. Les étudiants acquièrent aussi endurance, efficacité, envie de se battre. C’est inestimable pour la vie professionnelle. J’espère donc que ce modèle perdurera malgré ma croyance.

(Interview parue dans News tank education, « education.newstank.fr »)

Articles connexes

nouvelle voie ECG

Prépa ECG

Pour s’adapter à la réforme du baccalauréat 2021, les classes préparatoires aux écoles de commerce, prépa HEC, modifient leurs programmes à partir de cette date.


cube prépa HEC

Cuber

Chaque année, environ 12 % des étudiants en prépa commerciale choisissent de « cuber » ou « Khûber » pour tenter à nouveau leur chance d’entrer dans l’école de commerce de leurs rêves, intégrer de « meilleures » écoles, avoir un meilleur classement.


stages prépa HEC

Stages pour étudiants en prépa HEC

Des stages intensifs qui développent de façon rapide et efficace les automatismes indispensables et sont le moment idéal pour se remettre à niveau en cas de difficultés.

Par Annie Reithmann

Directrice IPECOM Paris. DEA de Philosophie, spécialiste des méthodes d'apprentissage. En 1996 elle prend seule la direction d’Ipécom Paris.

error: Le contenu est protégé
Share to...