Commémorer le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau : un devoir de mémoire pour la jeunesse

80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau

Le 27 janvier 1945, les soldats de l’Armée rouge libéraient le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Aujourd’hui, 80 ans après cet événement historique, le souvenir de la Shoah et de cette « usine de la mort » doit résonner auprès des plus jeunes générations.

Beaucoup d’élèves, qu’ils aient 10, 15 ou 19 ans, ne se représentent ces faits qu’à travers leurs manuels d’histoire, des documentaires, ou les récits de professeurs et grands-parents. Les rares témoins directs encore vivants, comme Ginette Kolinka, continuent de témoigner pour nous faire comprendre l’horreur qui résulte de la haine, du racisme et de l’antisémitisme. Mais bientôt, nous n’aurons plus ces voix pour nous rappeler ce que fut cette époque sombre.

Dans cet article, nous souhaitons commémorer le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau. Nous allons également partager quelques ressources de la presse et de l’audiovisuel, proposer des pistes de réflexion, et montrer l’importance de transmettre ce souvenir aux jeunes. Car si la mémoire s’efface, les erreurs du passé pourraient se reproduire.

Auschwitz-Birkenau : un lieu devenu symbole

Le mot « Auschwitz » résonne dans la conscience collective comme un symbole de la Shoah. Entre 1940 et 1945, plus d’un million de Juifs y ont été exterminés par les nazis, ainsi que des centaines de milliers d’autres victimes (prisonniers politiques, Roms, Sintés, opposants, etc.). Ces chiffres sont difficiles à imaginer, surtout quand on a 15 ans et qu’on vit dans une démocratie moderne.

Pourtant, c’est la triste réalité découverte, il y a 80 ans, par les soldats soviétiques. Les nazis avaient fui le camp, entraînant avec eux des milliers de déportés exténués dans des « marches de la mort ». À l’intérieur des barbelés, les libérateurs trouvent 7 000 survivants, ressemblant à des ombres. Dans ce silence effrayant, tout leur révélait une organisation de mort perpétuelle : chambres à gaz, fours crématoires, miradors vides, piles de cadavres.

Aujourd’hui, le témoignage est devenu un héritage commun. Comme l’a rappelé la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Madame Patricia Miralles, dans son message officiel publié par la Préfecture de l’Oise, « Auschwitz appartient à l’Humanité » : c’est un lieu qui doit demeurer dans la mémoire vivante de chacun, sans jamais se refermer ni se cicatriser.

Un regain d’antisémitisme inquiétant

Malgré la libération des camps il y a huit décennies, l’antisémitisme et le racisme ne sont pas entièrement éradiqués. Certains discours haineux resurgissent, s’infiltrent dans le débat public ou sur les réseaux sociaux. Comme le souligne la ministre : « Les causes de l’horreur nazie n’ont pas disparu, elles ont plutôt muté, tel un virus qui demande à tuer encore. »

Pour les jeunes, ces mots semblent forts. Pourtant, ils doivent comprendre que les discriminations ou la haine de l’autre, si elles ne sont pas combattues, peuvent mener à des drames humains. C’est la raison pour laquelle l’éducation, le travail de mémoire et la culture sont des remparts contre la répétition de l’Histoire.

Le témoignage précieux de Ginette Kolinka

Aujourd’hui âgée de presque 100 ans, Ginette Kolinka est une survivante du camp d’Auschwitz-Birkenau. Dans un entretien récent accordé à France 24, elle raconte sa déportation à l’âge de 19 ans, en 1944, avec son père et son jeune frère de 12 ans. Elle ignorait la vérité sur ce lieu, persuadée que ce n’était qu’un camp de travail. En réalité, son père et son frère ont été assassinés dès leur arrivée.

Longtemps après la guerre, Ginette Kolinka s’est murée dans le silence. Puis, à la fin des années 1990, elle a commencé à témoigner devant des collégiens et lycéens. Elle voyageait même en Pologne, jusqu’à un âge très avancé, pour accompagner des groupes à ce camp. Aujourd’hui, elle ne fait plus le déplacement, mais elle multiplie les rencontres et conférences pour alerter la jeune génération.

Son message ? « Leur faire comprendre ce que la haine peut provoquer. » Malgré son franc-parler, elle ne se berce pas d’illusions et reste lucide : l’antisémitisme n’a pas disparu. Cependant, son désir de transmettre la mémoire demeure infaillible. Ce geste de partage est un véritable cadeau pour nous, les vivants.

Une commémoration internationale

Le 27 janvier 2025, une cérémonie officielle se tient à Auschwitz pour le 80e anniversaire de sa libération. De nombreux dirigeants sont annoncés. Selon les informations de TF1 Info, des chefs d’État et de gouvernement du monde entier participeront à cette commémoration, parmi lesquels :

  • Emmanuel Macron, président de la République française.
  • Anne Hidalgo, maire de Paris.
  • Justin Trudeau, Premier ministre du Canada.
  • Charles III, roi d’Angleterre.
  • Des présidents et dirigeants venus d’Europe, mais aussi d’autres continents.

Cette mobilisation internationale rappelle que la Shoah n’est pas seulement une affaire juive, polonaise ou européenne. C’est une tragédie mondiale, qui concerne l’humanité tout entière.

Que retenir de cette journée de mémoire ?

  1. Le souvenir de la Shoah comme impératif catégorique
    Les 80 ans de la libération de ce camp de concentration nous rappellent la nécessité de la vigilance. On ne commémore pas seulement le passé, on honore aussi un devoir moral vis-à-vis du présent : « plus jamais ça ». Cet anniversaire invite à l’action contre tout discours ou acte de haine.
  2. Éduquer pour protéger
    La meilleure façon de combattre l’antisémitisme et le racisme reste l’éducation. À l’école, dans les collèges, les lycées, et même auprès des plus jeunes élèves, il est crucial d’enseigner cette page de l’Histoire. L’accent doit être mis sur la compréhension : comment une société a-t-elle pu basculer dans la barbarie ? Pourquoi la haine des Juifs est-elle devenue un projet d’extermination ? Comment éviter ces engrenages à l’avenir ?
  3. Les témoignages directs, un trésor inestimable
    Les survivants tels que Ginette Kolinka, Elie Buzyn, ou Simone Veil (disparue en 2017) ont longtemps porté la mémoire vivante des camps. Désormais, nous approchons du moment où ce sera à d’autres voix — historiens, pédagogues, cinéastes, ou familles de déportés — de transmettre ces histoires. Il est donc essentiel de préserver les archives, les documentaires, les interviews, et d’organiser régulièrement des échanges dans les établissements scolaires.
  4. Soutenir la recherche et la diffusion culturelle
    L’audiovisuel joue un rôle majeur pour apporter des éclairages adaptés à chaque âge. La plateforme Arte, par exemple, propose à l’occasion de ce 80e anniversaire de nombreux documentaires et témoignages : Stolpersteine – Des pierres contre l’oubli, Née à Auschwitz, Les Quatre Sœurs de Claude Lanzmann, Histoire de l’antisémitisme, etc. Visionner ces documentaires ou les proposer en classe peut éclairer ce chapitre historique de manière concrète.

Comment intéresser les jeunes générations ?

  • Proposer des activités pédagogiques : ateliers d’écriture, pièces de théâtre, rencontres avec des témoins ou leurs descendants, expositions itinérantes, visites virtuelles de lieux de mémoire.
  • Utiliser les supports numériques : podcasts, mini-séries animées sur l’histoire, lecture d’extraits de récits de survivants (par exemple, Maus d’Art Spiegelman), documentaires accessibles en streaming.
  • Organiser des débats : inciter les élèves à réfléchir sur la discrimination, les rumeurs, la propagande et les dangers d’Internet quand il propage des discours extrêmes.
  • Relier passé et présent : les questions de racisme et d’antisémitisme concernent encore notre société. Les jeunes peuvent analyser comment naît un discours de haine, comment il se diffuse, et comment on peut y répondre intelligemment.

L’exemple d’Ipécom Paris : un engagement auprès des élèves

À Ipécom Paris, nous sommes convaincus de l’importance de cette transmission. Nous accueillons des élèves de 10 à 22 ans (collège, lycée, classes prépa). Nos professeurs et intervenants sensibilisent les jeunes à la Shoah en tenant compte de leur âge. Les méthodes pédagogiques varient : lectures de témoignages, analyses d’images d’archives, ou discussions après la projection d’un documentaire.

Nous pensons aussi que la mémoire de la Seconde Guerre mondiale va bien au-delà de la simple accumulation de connaissances. Elle vise à développer l’esprit critique et l’empathie. Un élève informé et sensibilisé devient plus apte à s’opposer à toute forme de discrimination.

La voix des disparus et des survivants : « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons »

Ce vers de Paul Éluard, cité par la ministre Patricia Miralles, illustre la fragilité du souvenir. Si nous oublions la Shoah, c’est la porte ouverte à de nouvelles formes de rejet et de violence. L’Histoire est souvent brutale, mais elle est aussi un guide pour éviter les pièges du passé.

Ce 27 janvier 2025, alors que de nombreuses personnalités officielles se réunissent à Auschwitz, pensons avant tout à l’humanité qui fut piétinée dans ce lieu. Pensons à ceux qui y ont souffert, à ceux qui y ont péri, et à ceux qui, 80 ans plus tard, trouvent encore la force d’élever la voix.

Ressources pour approfondir

  1. Message officiel de Madame Patricia Miralles
    Disponible sur le site de la Préfecture de l’Oise. Un texte poignant qui insiste sur la nécessité du devoir de mémoire.
  2. Entretien avec Ginette Kolinka
    Sur France 24, un témoignage saisissant d’une survivante qui va bientôt fêter ses 100 ans.
  3. Liste des personnalités présentes à la cérémonie du 80e anniversaire
    Article de TF1 Info, mettant en avant la venue de nombreux dirigeants mondiaux à Auschwitz.
  4. Sélection de documentaires sur Arte
    Plusieurs reportages et témoignages filmés, comme Stolpersteine – Des pierres contre l’oubli, Née à Auschwitz, Les Quatre Sœurs, ou encore Histoire de l’antisémitisme.

Une mémoire pour l’avenir

En tant qu’établissement scolaire, notre rôle n’est pas de plonger les élèves dans l’angoisse, mais de former leur conscience citoyenne. Le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau est une occasion d’apprendre, de réfléchir et de bâtir une société plus juste.

Nous vous invitons à partager ces ressources, à poser des questions, à échanger avec vos professeurs et vos proches. Cette date, bien au-delà d’une simple commémoration, est un appel à la vigilance. C’est un moment pour dire, avec force : plus jamais ça.

En comprenant l’Histoire et en écoutant la parole des survivants, chaque élève devient gardien de la mémoire. Chacun peut ensuite porter cette flamme et la transmettre, pour que la lumière de l’humanité ne faiblisse jamais.

Articles connexes : Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques

<
80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau

80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau

Aujourd’hui, 80 ans après cet événement historique, le souvenir de cette « usine de la mort » doit résonner auprès des plus jeunes générations.
We feed the world- Analyse du documentaire

Analyse de ‘We Feed the World’ : Comprendre les Complexités du Système Alimentaire Mondial

L'alimentation est un sujet qui touche chacun d'entre nous, tous les jours. Pourtant, combien d'entre nous se sont arrêtés pour penser aux systèmes complexes qui amènent la nourriture de la ferme à notre table ?
inflation zone euro

Inflation dans la zone euro : Comprendre les implications pour l’économie et la société

La zone euro subit actuellement une inflation forte. C'est en grande partie dû à une augmentation des salaires, une augmentation des marges bénéficiaires des entreprises et une politique monétaire moins restrictive comparée à celle des États-Unis.
Programme spécialité HGGSP Terminale

Le programme de la spécialité HGGSP en terminale

L'Analyse les grands enjeux du monde contemporain
Henry Kissinger

Henry Kissinger : Le Stratège qui a façonné le monde

Henry Kissinger est un personnage complexe qui a joué un rôle majeur dans la politique internationale du XXe siècle.
Economie circulaire

L’économie circulaire : Utopie rationnelle ou réalité envisageable ?

L'économie circulaire est un concept qui promet de redonner vie aux produits et aux déchets sous forme de matières recyclées ou de produits reconditionnés.
Une Exploration de la Spécialité HGGSP de Première

Spécialité HGGSP en 1re

Un programme pour comprendre le monde contemporain
HGGSP - Histoire-géo, géopolitique et sciences politiques

La spécialité HGGSP au bac

La spécialité HGGSP se focalise sur plusieurs thèmes centraux de l'histoire, de la géographie, de la géopolitique et des sciences politiques.
Johannes Vermeer - L'Officier et la jeune fille riant

Le chapeau de Vermeer” : Un voyage fascinant à travers l’histoire, la culture et la mondialisation

Le documentaire "Le chapeau de Vermeer, le monde dans un tableau", réalisé par Nicolas Autheman et basé sur le livre de Timothy Brook, offre une perspective unique sur les origines de notre monde actuel en termes d'économie, de société et d'histoire
>

Par Annie Reithmann

Directrice IPECOM. DEA de Philosophie, spécialiste des méthodes d'apprentissage. En 1996 elle prend seule la direction d’Ipécom Paris.